Page:Yver - Mirabelle de Pampelune.djvu/111

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yeux bleus, ternis par tant de pleurs, deviennent résolus et impérieux. Elle prononce :

— À Lunéville ?

— Monsieur Henri lui-même dit qu’il faut espérer, fait remarquer M. Bouchaud.

Mais Édith répète, comme inspirée :

— À Lunéville !

Et tout d’un coup :

— Mais je veux y aller à Lunéville ! Je veux aller le voir. Je veux le… le… lui serrer la main avant qu’il ne meure. Il n’a pas de mère, il n’a pas de sœur, il n’a personne, il n’a que moi qui devais être sa femme un jour. Mon devoir est de partir, de partir tout de suite !

Blonde et frêle Édith ! Jamais on ne l’avait vue encore si intrépide et si déterminée. Le ton dont elle parle anéantit le pauvre papa Bouchaud, qui n’essaye pas de résister, mais s’effondre en un fauteuil :

— À Lunéville ! Elle veut aller à Lunéville ! Mais, malheureuse enfant, tu ne sais pas à quel danger tu cours ! Relis la lettre du commis de ton oncle : tu verras que c’est à