Page:Yver - Mirabelle de Pampelune.djvu/160

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affaibli nos ennemis. C’est plus tard, quand on fera l’histoire de cette guerre en son ensemble, qu’on pourra déterminer ce que notre effort, bien que n’ayant pas atteint le but définitif qu’on espérait, aura valu. Aujourd’hui, ma chérie, je veux vous dire, pour que vous le rapportiez à mademoiselle Louise qui en sera fière, l’héroïque attitude de mon brave ami Lecointre.

» C’est samedi matin à huit heures quarante-cinq, sous la pluie qui noyait la Champagne, que nous avons sauté le parapet. Lecointre commandait la section voisine de la mienne. Dans ces moments-là, on ne s’occupe guère du voisin. On n’a qu’une idée, on se demande si chaque homme fera son devoir, et c’est tout. Et l’on s’est élancé dans la plaine. Le feu des mitrailleuses a commencé de nous atteindre. Il y avait cinq minutes que notre vague bondissait sur le terrain, quand je sens un fléchissement à ma gauche. Plusieurs fusants venaient d’éclater en l’air et leurs éclats trouaient le quadrilatère humain qui se désagrégeait comme un troupeau sous la foudre. Là-dessus une tor-