Page:Yver - Mirabelle de Pampelune.djvu/23

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ce temps, mademoiselle Louise pense au beau seigneur qui aimait Mirabelle et qui était si courageux qu’il ne fallait rien moins qu’une tête de lion dans son blason pour signifier sa vaillance.

— Quelle époque, se dit-elle en soupirant, que celle où les femmes étaient aimées par de tels hommes !

— Mais, demande judicieusement M. Duval, sauriez-vous me dire, mon cher maître, si cette Mirabelle de Pampelune exista jamais, et si ces manuscrits où vous puisez tant de richesses furent bien l’œuvre d’un chroniqueur fidèle ?

— Je pencherais à croire, mon cher Duval, reprend des Assernes, que mon auteur est plutôt un simple troubadour, qui inventa là une belle histoire de chevalerie, car j’ai déjà relevé dans son texte quelques anachronismes. Et je préfère presque, je l’avoue, qu’il en soit ainsi, car, à la précision près des dates et des faits, un conteur d’imagination est un miroir plus vrai de son temps que le chroniqueur le plus scrupuleux, qui écrit avec sécheresse et omet la couleur.