Page:Yver - Mirabelle de Pampelune.djvu/299

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mais je ne vous connais pas assez pour vous répondre. »

Je suppose que vous avez déjà très bien déterminé le caractère d’Augustine et sa prudente réserve. Mais ne la jugez pas trop sur ses précautions de petite Normande avisée. Son cœur est enthousiaste ; il est beaucoup plus chaviré qu’on ne le croit pendant que Teddy Jackson, glissant aux confidences, raconte abondamment sa triste vie d’orphelin. Il parle, il va, il va. La caissière, les yeux mouillés, fait un grand effort pour ne rien perdre du récit, car elle entend difficilement le langage ami.

— Qu’est-ce qu’il te dit comme cela ? demande la mère.

Par bribes, mademoiselle Augustine explique.

— Eh bien, voilà : il n’a pas connu son père, et sa mère l’abandonnait quand il n’avait pas trois ans. C’est un pauvre charron qui l’a recueilli. À douze ans, il a crié des journaux dans les rues ; à treize, il était chasseur dans un café. À seize ans, il déménageait à son compte, tant il était déjà solide, les