Page:Yver - Mirabelle de Pampelune.djvu/309

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que le remords agite, s’en va du même pas mesuré dont il arpentait les rues, hier soir, au clair de lune électrique. Devant lui, par delà le fleuve chargé de bateaux, s’étendent comme un rideau les maisons monotones des quais, puis, au-dessus, ce sont les silhouettes aiguës des clochers d’églises, des clochetons, des tours, et la gigantesque aiguille de fonte vert-de-grisée : la flèche de la cathédrale. De longues théories d’Anglais s’engagent sur le pont. Leurs casquettes ressemblent de loin à de larges pastilles jaunes.

Depuis un instant, le caporal Teddy Jackson s’intéresse malgré lui à une personne encore jeune et belle, au petit chapeau élégant, qui accomplit précisément le même trajet que lui. Il la voit de biais, de coin, de ce regard anglais qui ne semble pas regarder et cependant discerne tout. Elle a de beaux sourcils noirs, bien arqués, et le menton rond, à la française. Mais ce qui attire l’attention de Teddy, c’est qu’elle porte souvent son mouchoir à ses yeux avec un air désolé qui attendrirait un roc. Ensemble ils entrent dans cette rue de la