Page:Yver - Mirabelle de Pampelune.djvu/321

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fois criminel, Teddy se sent accablé sous le poids de ses trahisons.

Cependant les jours passent. Corporal Jackson conduit ses hommes à l’exercice, boit son thé, prend son bain et fume la mauvaise pipe achetée rue Grand-Pont. Le temps est un merveilleux classeur pour les souvenirs. Il les range chacun à sa place, par ordre de valeur. Savez-vous de quoi Teddy s’aperçoit un beau matin ? Eh bien, il constate clairement que Jeanne, Louise, Madeleine s’évanouissent progressivement dans son esprit. Oui, le rire de la dactylographe, les pleurs de la jeune fille désolée, les fossettes de la petite ouvrière ne sont plus en lui que de vagues visions. Mais quand il se remémore Augustine si sérieuse et si prudente, assise à la table de ses parents, dans l’atmosphère de la soupière fumante, et disant avec son joli accent français : « Mon cœur est libre », celui du malheureux Teddy croit recevoir un coup de baïonnette. C’est là qu’hélas était le bonheur ! D’ailleurs, de tous les souvenirs qu’il a tour à tour offerts aux jeunes Françaises élues, il n’y en avait qu’un