Page:Yver - Mirabelle de Pampelune.djvu/90

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moment est bref, terriblement fugitif, et en même temps savoureux. Il y a un petit sergent de vingt ans qui exhibe les photographies de sa bonne amie. Le chef de la popote, le sergent-major, un territorial, raconte comment il s’est marié par procuration. Lecointre fume sa pipe en silence. Dans son portefeuille, contre son cœur, se trouve un morceau de papier qui le brûle un peu. C’est une lettre de mademoiselle Louise ; et elle est si gentille, cette lettre, si gentille, qu’il n’a pu s’empêcher de la faire lire à Picot. Picot s’est réjoui pour Lecointre, mais s’est attristé lui-même. Il n’y a pas de danger que mademoiselle Édith lui écrive de ces petites choses qui n’ont l’air de rien, mais qui vont au cœur d’un homme, telles que : « Ce matin, à mon réveil, ma première pensée a été pour vous. » Veinard de Lecointre ! Picot n’en demanderait pas tant de mademoiselle Édith. Seulement un peu moins de cérémonie dans ses lettres…

— Ah ! dit le sergent-major, vivement la fin, qu’on retrouve chacun ses particulières !