Aller au contenu

Page:Yver - Monsieur Dominique.djvu/103

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

crient, se démènent, s’agitent, et, dans cette cohue, font des transactions anticipées sur le marché de la grande ville ; ils se serrent le bras, se tapent sur l’épaule, font les bonnes gens, et. s’entrevoient le mieux du monde.

L’apparition de Cresphonte et de son maître sur la pelouse arrondie qui ceignait la gare n’interrompit en rien les petits marchés à prix. doux qui se faisaient là ; mais pour arriver jusqu’au grand maître, à l’ordonnateur des trains, le chef de gare, M. Dominique, qui laissa sur le seuil son nègre entouré par tous ses colis, dut se frayer passage dans la foule à grand renfort de coudes. Dieu sait combien ces efforts lui coutèrent, et la colère sourde qu’il sentait en lui contre ces gens, qui avaient à ses yeux l’immense tort d’être des hommes.

Le chef de gare lui déclara avec une exquise politesse que, devant cet encombrement, il était dans l’impossibilité d’accéder à sa demande et de lui accorder un compartiment seul.

— Si vous m’aviez prévenu plus tôt, monsieur, ajouta-t-il avec un doux sourire, je vous aurais retenu ce que vous eussiez voulu… Mais, hélas ! maintenant, il est trop tard.