était à l’arrosage des tulipes ; il donnait un peu d’eau d’abord à la terra altérée, afin de bien l’humecter, puis ensuite passait de nouveau son arrosoir au-dessus des feuilles pour les laver, et enfin une troisième fois laissait tomber l’eau en grande abondance. La jeune fille le regardait faire, ne sachant pas bien encore quel personnage il pouvait être, troublée du reste par tout ce nouveau qui arrivait inopinément chez elle ; mais bientôt la provision d’eau s’épuisa, l’arrosoir devint vide, et Cresphonte s’arrêta les bras ballants sans un mouvement, tandis qu’à quelques pas de là, Madeleine n’osait rien dire et se tenait, elle aussi, immobile.
— Tu n’iras pas faner demain, Madeleine, dit alors sa mère en sortant de la cabane ; le monsieur est très malade, à ce qu’il paraît ; le médecin va rester chez nous pour le veiller, et toi, tu feras les courses, tu le soigneras au besoin ; car mes grosses mains ne sont plus propres à cela, et je tremble quand il faut panser un blessé…
— Comme vous voudrez, ma mère, répondit docilement la jeune fille.
— Mais qu’est-ce qu’il fait, lui, ce grand homme noir ?