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Page:Yver - Monsieur Dominique.djvu/154

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Vous me voyez bien trouble, dit M. Dominique.

Le médecin s’inclina sans répondre.

— Je suis, continua le convalescent, dans la situation d’un enfant qui, ayant fait un problème, l’a appuyé d’une preuve, et à qui l’on découvre qu’il s’est trompé. Pour qui tenez-vous l’homme, monsieur ?

— La fièvre chaude, se dit le docteur en sursautant. Il déraisonne…

— Moi, je l’ai longuement étudié, poursuivit M. Dominique ; j’ai trouvé qu’en lui tout était duplicité, tout concourait à tromper, pour le plus grand intérêt personnel !

Et il ajouta, avec une extrême amertume qui dénotait la pensée d’un esprit profondément aigri, mais parfaitement sain :

— Je n’ai jamais trouvé un homme qui fût sincèrement bon.

Ce dernier mot fut une révélation pour le docteur, qui eut l’habileté de deviner mille sous-entendus.

Vous êtes misanthrope, monsieur ? demanda-t-il.

— C’est vrai, ou du moins je l’étais, et cette