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princesses de science

par la souffrance, luttait visiblement de toute sa nature vigoureuse contre l’insidieuse infection : une infime lésion, localisée en un point de ses poumons larges et puissants de paysanne. Le drame était obscur et terrible. Dans ce beau corps jeune, toutes les forces de la vie s’étaient levées et combattaient, mais Thérèse comprit que c’était en vain. Elle se redressa et dit :

— Il y a un foyer…

La religieuse, au regard de la jeune femme, devina tout espoir perdu ; elle murmura :

— Pauvre petite, si heureuse de guérir, de reprendre son travail, de vivre !…

Et toutes deux, la sœur de charité et la femme-médecin, — un type qui disparaît et l’autre qui commence, — poussées au même chevet par des vocations différentes, se penchaient vers la typhique. Muettes, également anxieuses et graves, elles semblaient, devant ce cas, pareillement impressionnées. Entre elles cependant il y avait un monde : dans cette même jeune fille que leur disputait la mort, celle-ci n’avait vu que la maladie, celle-là que la malade.

De nouveau la porte s’ouvrit. Dina Skaroff parut. Elle remplaçait Thérèse depuis quatre semaines, et s’imposait un effort pour être chaque matin, à huit heures et demie, présente dans sa salle.

Maigriote et fatiguée, dans sa blouse blanche qui laissait voir sa pauvre robe à rayures rouges et ses