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princesses de science

toresse d’un rapide coup d’œil, et, se penchant vers Artout :

— N’était-elle pas en 98 externe à Beaujon, dans votre service, et n’est-ce pas elle que, pour son insensibilité, son calme léthargique, vos élèves appelaient « Morphine » ?

— Justement ! reprit Artout en réprimant un sourire. C’est une femme de valeur. Je la tiens en grande estime. Il ne faut plus blaguer les doctoresses, mon cher…

On avait annoncé le dîner ; madame Herlinge dit :

— La doctoresse Adeline n’est pas encore arrivée ; mais elle m’a priée de ne pas l’attendre.

Alors elle prit le bras d’Artout, Boussard offrit le sien a Thérèse qui, dans le trajet du salon à la salle à manger contiguë, trouva le moyen d’entamer avec l’illustre confrère une conversation médicale. Le maître de maison conduisit madame de Bunod. S’approchant de son gendre, madame Herlinge lui glissa un nom à l’oreille

— Madame Jourdeaux… là-bas…

Fernand Guéméné chercha des yeux et joignit la triste jeune femme. Elle avait à peine posé la main sur la manche de son habit qu’elle lui demandait :

— Vous êtes le gendre de madame Herlinge, vous êtes docteur, n’est-ce pas, monsieur ?

Et, sur la réponse de Guéméné, elle se sentit en confiance tout de suite. Ces malheureux Jourdeaux, avec une même âpreté de désespérés, se raccrochaient à tout ce qui portait un titre médical.