Aller au contenu

Page:Yver - Princesses de Science.djvu/267

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
257
princesses de science

— Tu me tues, Fernand !… murmura-t-elle épuisée.

Il répétait :

— Je le veux ; ferme ta porte aux gens qui viennent te consulter, renonce à ta clientèle, demeure dans notre maison, que je t’y trouve toujours ; sois mon amie, ma confidente, mon soutien, mon bonheur, et non pas mon martyre.

— Mais je ne peux pas, pleurait-elle, je ne peux pas ! Ce que tu me demandes là est insensé. Que ferais-je de mon temps, comment supporterais-je mon désœuvrement ? Pense à l’ennui terrible, à l’ennui dévorant qui me prendrait. Ma vie était si pleine, si heureuse !…

Il lui saisit le bras, disant rudement :

— Et si j’en venais à te haïr ?…

— Oh ! Fernand !

Elle voulait se dégager, mais il la tenait par les poignets en lui répétant ardemment, les yeux fous :

— Choisis, choisis !…

Elle était blême, défigurée, elle supplia :

— Laisse-moi, laisse-moi ; je te promets… de réfléchir. Donne-moi quinze jours, je te promets… d’essayer… Je n’en peux plus.

Elle était en vérité à bout de forces ; il en eut pitié ; il dut l’aider à regagner leur chambre, la mit au lit avec des soins muets, sans desserrer les lèvres. Quand elle fut endormie, il resta longtemps debout à la contempler.