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Page:Yver - Princesses de Science.djvu/32

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princesses de science

— Adieu, Thérèse.

Ainsi, c’était définitif, il s’en allait. L’amour, auquel hier encore elle songeait si peu, lui était apparu, vital, profond, souverain ; il l’avait surprise ébranlée, charmée, attendrie, puis, il s’évanouissait, et l’existence d’autrefois recommencerait sévère et uniforme. C’était comme un réveil banal après un rêve délicieux. Cependant Guéméné était encore là. Qu’elle dit un seul mot, et devant elle s’ouvrirait cette vie amoureuse aux émotions progressives et intenses qu’elle avait observée chez d’autres et qui, malgré ses lucidités de femme savante, lui demeurait aussi nuageuse et obscure qu’à la plus simple et plus pure jeune fille. Elle pensa :

« Ce serait bon… »

Puis elle entendit le jeune homme ajouter d’une voix tremblante :

— Pourtant vous aviez dit oui, Thérèse ; j’aurais pu vous avoir, je pourrais partir d’ici en possédant le bonheur. Une femme telle que vous s’est promise à moi ! et je pourrais, si je le voulais, emporter dans ma maison la certitude de vous y amener un jour. Et je vous aime en insensé, et mes bras pourraient vous prendre comme une fiancée, oui, j’aurais le droit, j’aurais le droit…

— Taisez-vous ! interrompit-elle, effrayée devant l’exaltation du jeune homme ; cette porte vitrée clôt à peine, la religieuse est là qui peut vous entendre.