Page:Yver - Princesses de Science.djvu/332

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
322
princesses de science

ce terrain humain, tentez-y la grande expérience : oh ! je serais si heureuse, si heureuse !… Je vous assure que je ne tremblerai pas, le jour où vous me communiquerez le terrible mal… que je connais pourtant !… J’ai si grande confiance !

Ce jour-là, il sortit de chez elle éperdu, ravagé, et lucide : elle l’aimait ! La pitié, la douceur, la tendresse, le dévouement, elle lui avait tout donné depuis des semaines. Et voici qu’aujourd’hui, tourmentée par le désir de l’oblation absolue, elle lui offrait son corps, non point dans une vulgaire obéissance passionnelle à la loi du plaisir, mais pour un sacrifice très pur au génie qu’elle croyait voir en lui. Et cette folie dans le don de soi, cette intrépidité dans l’immolation, la hauteur où pouvait atteindre cette abnégation d’une femme aimante, l’éblouissaient. Il frémissait maintenant au seul souvenir de son visage. Au premier baiser que lui donna Thérèse, il comprit où était désormais son amour.