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princesses de science

gnait d’un attachement spirituel bien puissant, plus inquiétant dans sa noblesse qu’un lien physique. Thérèse le sentait bien ; si tout son être se révoltait moins fort à connaître cette réserve, elle en avait un chagrin plus cruel, plus intime, plus élevé. Ce qui lui était le plus cher dans la belle âme de Fernand, il l’avait donné à cette femme. Mais elle espérait encore qu’à force de le chérir elle pourrait le reprendre, et elle était venue trouver celui que Fernand considérait comme un père. Elle le suppliait de la conseiller, de les sauver. Lui avait eu en partage l’amour le plus élevé, le plus grand, le plus rare, l’amour fait d’ardeur et de tendresse, l’union absolue qui survit à la mort. Il serait là pour la guider, l’aider à reconquérir Fernand. Ah ! qu’elle aurait voulu ressembler à la belle tantine !…

Le veuf secoua la tête tristement :

— Quelle douleur vous me causez, Thérèse ! Ah ! pauvres enfants ! pauvres enfants !

Elle s’assit près de lui et continua :

— Cher oncle, je ne suis plus orgueilleuse comme jadis ; je ne suis plus fière de ma personnalité. Fière, hélas ! de quoi le serais-je ? Je suis une pauvre femme délaissée qui n’a pas su se faire aimer quatre années par le compagnon si bon qu’était Fernand. Je puis posséder quelque savoir, je puis être consciente de mon intelligence : j’ai subi la pire injure qu’une femme puisse connaître. Ah ! je suis bien brisée, allez, bien soumise ; je ne