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Page:Yver - Princesses de Science.djvu/383

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princesses de science

Il la considéra, un instant, avec surprise, tant elle avait exprimé simplement, en cette phrase banale, l’anéantissement de sa personnalité altière, son abdication. Il était médecin : il savait quel attrait passionné retient à cette profession ceux qui l’exercent. Et surtout il connaissait cette jeune et ardente doctoresse, si impétueusement vouée à la science.

— Je crois, dit-il d’une voix qui s’altérait un peu, que s’il ne revenait pas à l’admirable épouse que vous êtes, il cesserait de mériter toute estime toute amitié.

— Oh ! je ne suis pas admirable, dit-elle ; j’imite ces aéronautes qui, près d’être engloutis, jettent à la mer leur trésor pour que leur ballon allégé les relève d’un bond vers le bleu… Personne ne songerait à admirer leur sacrifice. Si avant le danger ils avaient généreusement abandonné leur trésor à ceux qui le réclamaient, voilà où eût été le sublime. Ce que je fais n’a rien de sublime aujourd’hui. C’est il y a quatre ans que j’aurais dû agir ainsi. Peut-être sera-t-il trop tard.

Et elle ajouta ces mots, dépourvus de solennité, qui mettaient fin pour jamais à sa carrière :

— En vous quittant, je vais passer chez l’imprimeur et je commanderai des circulaires pour prévenir ma clientèle.

Le veuf se leva, vint à elle, lui étreignit les mains :

— Ma chère Thérèse, merci pour Fernand ; il ne vous sera jamais assez reconnaissant !…