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princesses de science

sommaire des cas à étudier avec les candidats. Il pénétra dans la salle. Par la porte vitrée on vit sa petite et maigre silhouette blanche, coiffée de la toque noire, suivre l’alignement des lits. Sur le palier où étaient demeurés tous les autres, la discussion reprit, et soudain s’arrêta net, interrompue par l’arrivée de deux femmes vêtues de noir qui gravissaient l’escalier. C’était la doctoresse Lancelevée accompagnant son amie mademoiselle Boisselière.

Celle-ci, une grande femme d’au moins quarante-cinq ans, portait sur ses cheveux coupés court un chapeau de voyage rappelant les modes masculines. Un faux col blanc l’étranglait. Une cravate d’homme, dite régate, tombait sur sa large poitrine. C’était une vieille fille plus déterminée qu’on ne l’eût aimé, avec de forts traits virils et une lèvre ombrée qui complétait merveilleusement sa physionomie.

Les « célèbres confrères » vinrent au-devant d’elle avec une courtoisie très marquée. Boussard, apercevant sa maîtresse, lui sourit de ce sourire triste et aimant que Thérèse lui avait vu en Suisse. Ils se rapprochèrent, se serrèrent la main ; elle murmura furtivement :

— Aujourd’hui je n’ai pas une minute à moi. Voulez-vous déjeuner demain ? Je n’ai pas de consultation.

Thérèse, très avertie, entendit seule cette phrase dont elle mesura toute la portée sur le malheureux