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princesses de science

Elles ont le droit, après tout, de choisir ce célibat commode où s’épanouit sans contrainte leur cerveau. Ce n’est pas, il est vrai, absolument naturel, mais leur nombre demeurera toujours restreint, et il en restera encore assez pour le mariage et la maternité… Cette Lancelevée a-t-elle raison ? la femme-médecin doit-elle être une vierge-penseuse ? »

Et il comparait cette doctoresse chercheuse, toujours en études, à l’infatigable Jeanne Adeline, trimant jour et nuit pour gagner à ses quatre enfants quelques pièces de quarante sous. Les journaux illustrés donnaient de la première une photographie bien typique, prise dans son laboratoire de bactériologie ; et c’était sous cette figure que le public se la représentait. Artout imaginait l’autre courant à ses visites qu’elle bâclait afin d’en faire davantage en une heure, s’en référant pour tous les cas à son infaillible mémoire, à ses livres de pathologie admirablement sus mais qui dataient de quinze ans. Madame Lancelevée poursuivait noblement sa carrière scientifique ; Jeanne Adeline s’exténuait, s’étant donnée, malgré sa personnalité petite, à des fonctions multiples et complexes.

« Alors, pensait Artout secrètement ébranlé dans ses convictions, dans son amour de la santé et de la vie, alors la formule définissant le cas social de ces créatures nouvelles serait donc : « Ni mari ni enfants ?… »