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Page:Yver Grand mere.djvu/144

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GRAND’MÈRE

qu’en savourant le ragoût de Grand’Mère, de la délectation consécutive à leur générosité, car le peuple a plus que tout le goût du bien.

À neuf heures, le silence des lits régnait dans toute la maison. Seule, Sabine n’était pas couchée. Elle ouvrit furtivement la porte de son alcôve, traversa la cuisine sur la pointe du pied et gratta faiblement à la serrure du cagibi. Grand’Mère ouvrit. Ses yeux fripés par l’âge s’allumèrent d’un rayon de douceur en se posant sur l’enfant qu’elle chérissait.

— Entre, Sabine, ma petite fille, et assieds-toi car ce que j’ai à te dire sera long. Tu as été imprudente, folle et coupable. Tu as joué ton honneur de jeune fille sur un entrainement bien facile. Tu as risqué la dignité de toute ton existence et sans avoir commis d’irréparables fautes, tu n’es plus la netteté même aux côtés d’une âme comme celle de ta mère admirable, par exemple. Mais ce n’est pas pour t’adresser des reproches que je t’ai conviée à venir passer ici cette soirée. Mon dessein est de ne te parler que de moi-même, et de te dire seulement ce qu’a été ma vie.