Aller au contenu

Page:Yves - La Pension du Sphinx.djvu/16

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Quant à ce baptême singulièrement égyptien qui lui avait été donné, il ne fallait pas lui chercher d’autre cause qu’un gentil sphinx de marbre blanc, propret et nullement antique, qui trônait sur un socle au bord d’une allée de sable fin. Symbolisait-il les énigmatiques et ténébreuses petites âmes de jeunes filles qui, entre la seizième et la vingtième année, venaient s’engager dans le rieur régiment cosmopolite caserné là ? Peut-être. En tout cas, il donnait à la joyeuse villa un faux air de mystère. Grand comme un beau terre-neuve, l’échine arrondie, le front ceint, sa jolie figure d’Égyptienne bien équivoque, il lançait aux passants du boulevard un perpétuel point d’interrogation. Bien mieux que la petite enseigne « comme il faut » écrite au-dessus de la sonnette, il disait :

PENSION DE JEUNES FILLES.

Le sphinx à part, la maison n’était mystérieuse ni dans sa bâtisse ni dans son ameublement. Bourgeoisement carrée, percée de fenêtres régulières, elle était au dedans d’un confort excessif. Dans l’escalier, des tapis épais d’un pouce ; aux portes, des bourrelets de soie ; du côté du nord, de doubles vitrées aux fenêtres, des