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Page:Yves - La Pension du Sphinx.djvu/19

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autres Gertrude, qui supporta la déception sans rien dire, compensant son petit chagrin par le puéril honneur de rapporter à la directrice de la maison son courrier, une belle grande lettre timbrée aux Antilles, et sur laquelle s’étalait une maîtresse suscription. Nelly, Frida, Ogoth, Giuseppa, Maria et Vittoria continuèrent leur route sur le boulevard en jacassant ; elle, rebroussa chemin, gravit le perron, et là, au rez-de-chaussée, par le fond du vestibule, pénétra dans le luxueux cabinet de Mme de Bronchelles.

Quand on parlait de Mme de Bronchelles et qu’après on mentionnait son titre « Directrice de la pension du Sphinx », on évoquait aisément dans l’esprit de ceux qui ne la connaissaient pas la vision d’une femme majestueuse, grisonnante et triste ; une femme dont le grand nom, uni à la situation actuelle, disait l’histoire inconnue mais sûrement malheureuse. Or, bien qu’elle n’eût pas toujours été très heureuse, Mme de Bronchelles, comme les peuples heureux, n’avait pas d’histoire. De bonne noblesse, mais de petite fortune, après son veuvage elle avait fondé cette maison, ce qui était d’une extrême simplicité. Quant à sa personne elle-même, elle avait plus de prestesse que de majesté, plus de cheveux