Aller au contenu

Page:Yves - La Pension du Sphinx.djvu/238

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

force invincible, c’est le vrai prélude de l’amour, le seul à quoi l’on puisse se fier ; la sympathie vient presque en même temps, moins enracinée, elle, plus flatteuse encore que la première, mais qui en fait le charme. Et si l’amour naît après, de quelque façon que ce soit, conscient ou involontaire, brusque ou lentement éclos, oh ! alors, vous pourrez laisser aller tranquillement votre cœur vers l’homme qui, en vous aimant, aura su mériter de vous ces trois choses. »

Ces paroles troublèrent Annette : à mesure que Mme de Bronchelles causait, dans son esprit se construisait une image, une image de rêve, la fuyante silhouette de ce jeune homme qu’elle pensait avoir si peu remarqué jusqu’à présent, Henri Maréchal. C’était surtout ce mot d’estime, estime lente, pénétrante, douce et toute-puissante, qui l’avait évoqué à son regard intérieur, car il personnifiait dans sa virilité délicate le type parfait du caractère impeccable dont Annette avait douté. Elle l’estimait vraiment, celui-là, pour son intelligence supérieure qui lui avait permis l’intimité de Nouvel, pour sa jeunesse studieuse dont le labeur cérébral avait stigmatisé son austère visage ; et surtout pour cet amour fraternel, délicieux, qui en faisait un être spécial, une créature