Nouvel ? J’ai lu à la Martinique un livre qui se nommait Blés mûrs, un livre qui m’a fait pleurer à chaudes larmes jusqu’à la dernière page, et qui était, il me semble, signé de ce nom.
— Vous ne vous trompez pas ; il a écrit en effet Blés mûrs, un bel ouvrage horriblement triste. »
Annette s’avança plus près de Gertrude, et familièrement, dans un geste irréfléchi, la prit aux épaules.
« Vous l’avez vu quelquefois, alors, l’auteur de Blés mûrs, vous le connaissez, vous ?
— Mais oui, fit la Belge en souriant, nous le trouvons tous les jeudis soirs chez sa mère où nous allons prendre le thé.
— Et demain ?
— Vous pourrez faire sa connaissance à votre tour ; c’est un très simple et très bon garçon, qui sait oublier en société ses succès littéraires pour s’occuper seulement de ses invités. Il vient pourtant de faire parler joliment de lui avec son dernier livre qui est extrêmement original : La vie du moine Herménégilde. Mme de Bronchelles nous en lit chaque soir des passages.
— Oh ! murmura la créole en secouant la tête, cela peut être très bien, mais jamais, jamais cela ne sera plus joli ni plus touchant que Blés mûrs.