Aller au contenu

Page:Yves - La Pension du Sphinx.djvu/60

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

pouvait redonner au bois ce qui lui avait été enlevé par la pointe du couteau, et que mieux vaut une armoire ornée de la parole d’un sage qu’une autre faite d’un grossier bois sculpté.

« — Mon fils, lui repartit le prieur, sont-ce là le ton et les paroles d’un bon religieux ? »

« À cet avis donné avec mansuétude, Herménégilde rentra en lui-même, il comprit sa faute et pleura amèrement. Ce fut alors que les mots du Sage lui revinrent en mémoire avec plus de force et de lumière.

« — Si je n’eusse été parmi les hommes se dit-il, « me fussé-je emporté au point de sortir de moi-même comme un homme charnel, et d’oublier l’humble soumission ? »

Et, poussé par une inspiration secrète, n’emportant que sa bure et le livre d’un moine, qui, par ce temps-là, avait une réputation singulière, à cause de ce qu’il avait écrit sous le nom d’Imitation de Jésus-Christ, il sortit secrètement du couvent et s’en fut à travers la campagne jusqu’à ce qu’il eût trouvé une forêt.

« Dans ce lieu, comme aucun obstacle ne nuisait à son avancement, il fit bientôt d’admirables progrès. Il ne se nourrissait que de racines et d’herbes sauvages, et encore jeûnait-il de ces