au préjudice de cette quantité négligeable qui s’appelait Annette Maviel, et qu’elle ne jugeait pas digne d’occuper l’attention d’un homme de talent.
— J’ai compris pourquoi vous étiez aujourd’hui étudiante en médecine, pourquoi vous assujettissez votre esprit de jeune femme, si impropre à cela, à des études qui ont rendu fous des hommes mûrs. Vous nous avez dit que vous étiez noble par votre mère, n’est-ce pas ? vous êtes d’un pays où l’on naît grave, où l’on prend la vie au sérieux ; voilà les seuls éléments que j’avais pour comprendre. Eh bien ! j’ai deviné l’importance que vous attachez à votre naissance, le prix que l’aristocratie a pour vous. Chez vous, comme chez nous, comme partout, l’aristocratie est maintenant déchue ; en France, c’est un précieux débris que l’on regarde curieusement, auquel on attache malgré soi une espèce de prestige, mais dont nous nous sommes facilement consolés de voir la ruine, et que nous traitons avec la noble indifférence dont on considère un monument historique. Pour vous, c’est tout autre chose. Vous avez senti devant cette ruine se réveiller en vous un instinct héraldique endormi dans votre famille avec les grands preux norvégiens, et vous avez repris, pardonnez-moi de vous dire durement