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Lettres

les & invariables de la loi naturelle, s’il ne les rapportoit encore à une fin furnaturelle. En un mot, ils n’ont plus voulu que l’homme agît en homme, c’eft-à-dire par les feules impreiîions de la raifon. Ils lui ont fait un commandement exprès de fe tirer fans ceiTe de fon état naturel, de ne s’éclairer & de n’agir que par des lumières & des motifs furnaturels. Mais ce qu’il y a de piaffant dans leur fyftême, c’eic que plus ils ont exi^é de l’homme, moins ils lui ont accordé. Au lieu de faire couler a grands flots la grâce fur le genre humain, ils la difpenfent d’une main ri avare, qu’elle ne tombe pas fur la cent millième partie des hommes. Ainiï, par cette fouftraction de grâces abfolument néceiTaires, les péchés s’accumulent à l’excès ôc provoquent la jufHce divine. Qu’au défaut de la grâce, qui, de fa nature, étant gratuite, peut être refufée fans iniuftice, l’homme puilfe