Page:Zévaco - Le Capitan, 1926.djvu/104

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n’aurai besoin ni de limiers, ni de piqueurs. Maintenant, à cheval, et en chasse !"


Vers le moment où le roi suivi de Luynes, de quelques gentilshommes et de pages portant les faucons, sortait du Louvre et se dirigeait vers les bois de Meudon, le marquis de Cinq-Mars, pâle de fureur, mettait pied à terre devant l’auberge du Grand-Henri, et pénétrait dans la cour. Dans la cour, il n’y avait personne, sauf un homme qui pansait un cheval. Cinq-Mars tressaillit.

"Je connais cette figure de coquin, songea-t-il. Eh oui, c’est bien le valet du sacripant ! du traître ! du misérable fier-à-bras ! du capitan à qui je vais couper les oreilles avant de l’embrocher !"

De son côté, Cogolin reconnut instantanément le marquis et se mit à étriller la croupe de son cheval avec une activité fébrile.

"Me reconnais-tu, drôle ? grinça Cinq-Mars, qui s’approcha en faisant siffler sa cravache.

— Comment vous reconnaîtrais-je, mon gentilhomme, puisque c’est la première fois que j’ai l’honneur de vous voir. Eh là ! Eh là ! Tenez votre cravache en repos, ou je m’affaiblis, je m’évanouis, je me subtilise !"

Cogolin esquissait un rapide mouvement de retraite.

"Il ne me connaît pas. Tant mieux, murmura le jeune homme. Écoute, ajouta-t-il, il y a cinq doubles pistoles pour toi !

— Oh ! oh ! fit Cogolin, qui se rapprocha la main tendue et la bouche fendue. Vous parlez d’or.

— Oui, je parle d’or. Attrape ! (Cogolin empocha la bourse de Cinq-Mars.) Mais si tu as le malheur de ruser, de me tromper ou de ne pas répondre, je t’attache à ce pieu, je te mets les épaules à nu et je t’arrache la peau à coups de cravache. Maintenant, conduis-moi sans bruit à l’appartement du sire de Capestang.

— Monsieur, c’est impossible...

— Ah ! ah ! cria Cinq-Mars en levant sa cravache.

— Parce que M. de Capestang n’a plus d’appartement ici ! acheva Cogolin. M. le chevalier est parti, voici près d’une heure, comme s’il eût eu tous les diables d’enfer à ses trousses,