Page:Zévaco - Le Capitan, 1926.djvu/111

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"Sire, il faut retourner au Louvre, dit Luynes d’une voix encore tremblante d’émotion. Ah ! que j’ai eu peur ! Non ! jamais, dans ma vie, je n’ai éprouvé une peur pareille !"

Le roi sourit. Luynes sonne du cor pour rallier les pages et les gentilshommes de service. Le roi se met en route. Brusquement il s’arrête, se frappe le front, et murmure :

"Quoi ! Je l’ai à peine remercié ! il a failli mourir pour moi, sans me connaître, et moi, lâche, tout entier à mon épouvante, je suis parti... quoi ! sans un mot du cœur ! Oh ! je ne lui ai même pas demandé son nom !

— Sire, de grâce, rentrons au Louvre !

— Non, Luynes, la chasse continue !


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Il est onze heures. Capestang, après le sauvetage audacieux du jeune inconnu au pourpoint noir, avait poussé jusqu’à Meudon. Il s’est assis sous une tonnelle de la Pie Voleuse, l’âme vide, l’esprit harassé, pris d’une immense lassitude. Il pense à Giselle. Et comme onze heures sonnent à l’horloge de Meudon, il se remet en selle pour regagner Paris, et tout à coup, son regard tombe sur la mystérieuse maison où il est entré comme dans un château enchanté, où il a trouvé table mise, équipement complet, et argent !

Une curiosité aiguë s’empare de lui, une sorte d’appétit du mystère ! Il se décide ! Il fait rapidement le tour des murs, il entre, il passe à travers les broussailles et les ronces que le soleil éclaire, et, là-bas, sur le perron, une figure blanche lui apparaît soudain. La folle.

Capestang s’est approché. Il la salue d’un grand geste héroïque et doux. Elle ne semble pas le voir. Elle regarde au loin quelque chose ou quelqu’un qui s’éloigne, et elle murmure :

"Duc d’Angoulême, ne suis-je donc plus votre duchesse bien-aimée ?

— Duc d’Angoulême ! rugit Capestang qui d’un bond, saute à terre. Madame ! Oh ! madame, de grâce, écoutez-moi…

— Qui êtes-vous ? dit Violetta en ramenant son regard sur le chevalier. Ah ! c’est vous ! Je vous reconnais ! Je vous avais dit de venir quand je vous appellerais...

— Madame... un mot... un seul... il y va de la vie d’un homme que je voudrais sauver fût-ce au prix de ma propre vie !"

La folle sourit :