Page:Zévaco - Le Capitan, 1926.djvu/115

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— Monsieur ! interrompit violemment Angoulême, vous avez commis une action vile, un rapt."

Les paroles s’étranglèrent dans sa gorge.

"Il me reproche les pistoles que je lui ai empruntées ! songea Capestang. Le mot est dur, monsieur et je vais vous le rentrer dans la gorge !

— Misérable ! hurla le duc en se précipitant sur le chevalier. C’est moi qui vais te tuer, mais il faudra d’abord que tu dises où tu as mis ce que tu m’as volé.

— Ah ! par la mordieu ! vociféra Capestang qui pâlit, c’est vous qui allez mourir ici !"

Et, à son tour, il fondit sur le duc. Dans le même instant, cette idée soudaine, rapide comme un coup de foudre qui illumine la nuit, traversa son cerveau :

"Je ne puis pas tuer cet homme tant que je ne lui aurai pas rendu ce que je lui ai emprunté !"

L’engagement dura deux minutes, silencieux, acharné de part et d’autre ; mais il était évident que le chevalier cherchait seulement à se défendre.

"Malheur sur moi ! rugissait-il en son cœur, tout en parant. Que n’ai-je cent pistoles, mille pistoles à lui jeter à sa figure masquée, et le tuer ensuite ! Patience ! Cela viendra !"

Tout à coup, dans l’instant où le duc d’Angoulême venait de porter une botte terrible que le chevalier avait parée d’un coup de revers, plusieurs chevaux couverts de sueur s’arrêtèrent là ! Les cavaliers qui les montaient aperçurent Capestang, se regardèrent entre eux avec une stupéfaction mêlée d’une sorte de terreur superstitieuse, puis sautèrent à bas de leurs montures, et s’avancèrent.

"Concini !" murmurèrent le duc de Guise et le prince de Condé qui, saisissant le duc d’Angoulême, l’entraînèrent à quelques pas.

Capestang s’adossa à un arbre et éclata d’un rire fantastique.

"Tiens ! fit-il de sa voix cinglante. Il signor Pantalon dénommé ici Concino Concini ! Et l’illustre Rinaldo. Parisien des Pouilles ! Et messieurs les limiers de la meute sanglante ! Bonjour, messieurs !"

Alors, l’hésitation, l’effarement, la stupeur de Concini et de sa bande s’évanouirent.

"C’est lui ! C’est bien lui ! gronda Concini. Vivant !

— Tiens ! Vous vivez bien, vous ! dit Capestang.

— Vivant ! rugit Rinaldo. Oh ! le briccone ! le birbante !

— À mort ! À mort ! – Sus ! – Taïaut ! vociférèrent Chalabre, Louvignac, Montreval et les autres spadassins ordinaires du maréchal."

Puis, brusquement, pendant quelques secondes, il y eut ce lourd silence qui précède les coups de tonnerre. Le chevalier de Capestang, adossé