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Page:Zévaco - Le Capitan, 1926.djvu/153

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des bras… et ses mains, tout à coup, se cramponnèrent à cette chose inconnue... Alors, l’instinct vital de son souffle puissant balaya sur son front les épouvantes mortelles. Alors, sa pensée vaillante rayonna, illumina la situation. Alors, elle reconnut que cette chose énorme à laquelle ses mains, fanatisées par l’instinct de la vie, s’accrochaient d’une surhumaine étreinte, c’était une toute petite barque attachée à un anneau, presque à l’issue de ce boyau que formait l’arche. D’un frénétique effort, elle se souleva, se hissa et retomba pantelante au fond de la barque.


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Combien de temps y demeura-t-elle ? Peut-être dix minutes ou peut-être deux heures. La fraîcheur la ranima. C’était une vaillante, c’était une guerrière. Elle ne perdit donc pas une minute à se demander par qui elle avait été attaquée. Le guet-apens, d’ailleurs, était hors de doute. On avait voulu la tuer. On avait employé l’eau, non le fer, parce que l’inspiratrice de l’assassinat voulait faire croire à un accident. L’inspiratrice ? Marie de Médicis. Tout cela était formel dans l’esprit de Giselle.

Elle chercha donc comment elle pourrait regagner le bord. Il n’y avait qu’un moyen : la barque. La détacher et la diriger vers l’une ou l’autre des berges, c’était facile. Giselle tira son poignard pour couper la corde d’attache. Et alors, elle frémit : la corde, c’était une chaîne en fer, et il eût fallu un solide marteau pour briser son cadenas. Alors, quoi ? Se jeter à l’eau ? Giselle, excellente écuyère, ne savait pas nager.

Résolument, elle gagna l’arrière de la barque qui, de quelques pouces seulement, sortait de l’arche. Là, elle s’arrêta stupéfaite. Sur l’arrière de la barque pendait d’en haut une échelle de corde ! Qui, du haut du pont, avait jeté cette échelle ? Quelqu’un avait donc assisté au guet-apens ? Mais ce quelqu’un avait donc pu voir qu’elle était entrée dans la barque. Giselle réfléchit à peine à ces questions, et déjà elle avait saisi l’échelle, et elle montait. Souple, agile, soutenue par cette sorte de confiance qui triple les forces, elle monta jusqu’en haut.

L’extrémité de l’échelle aboutissait à celle des maisons qui se trouvait à peu près vers le milieu du pont. Elle était solidement fixée par des crampons au rebord d’une fenêtre. Et arrivée là, Giselle vit que personne n’avait jeté l’échelle. Personne ne l’attendait. La fenêtre était fermée. Elle essaya de regarder à travers les vitraux, car la fenêtre était éclairée