Page:Zévaco - Le Capitan, 1926.djvu/306

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seront prises. Laisse-moi faire. Laisse-toi faire ! Je ne te demande pas autre chose que d’avoir confiance en mon amour jusqu’au jour où j’aurai mis la couronne sur ta tête adorée, où je t’aurai fait roi de France, où tu pourras alors faire casser notre mariage par le pape, et où je m’éloignerai contente de mon œuvre, contente de mourir en me disant : « Mon Concino règne, et c’est à moi qu’il le doit ! »"

Ces choses horribles et admirables, elle les disait du même ton de froideur concentrée. Elle les pensait. Elle était effroyable comme le Meurtre, et sublime comme le Dévouement. Elle était surhumaine, ou plutôt hors de toute humanité. Concini la contemplait avec un mélange de terreur et d’admiration. Mais pas une lueur de pitié n’éclaira ce cœur enlisé dans l’égoïsme. Léonora reprit :

"Le terrain est déblayé. Angoulême à la Bastille, Condé à la Bastille. Guise ? Nous en viendrons à bout en lui offrant l’épée de connétable. Laisse-moi faire, te dis-je ! Je te préviendrai lorsque sonnera l’heure de ta destinée. Concino, connais-moi tout entière : si je t’ai arraché Giselle et ce misérable Capestang, ce n’est pas pour soustraire l’une à ta passion, l’autre à ta haine. C’est parce que les astres te défendent d’être en contact avec ces deux êtres tant que tu n’auras pas mis le pied sur les marches de ce trône où tu seras au-dessus des hommes, si près de Dieu que les astres même devront t’obéir. Concino, j’ai fait tirer par Lorenzo l’horoscope de Giselle et de Capestang !"

Non seulement Concino ne fut pas étonné, mais encore il écouta avec une profonde attention ce que Léonora avait à lui dire sur l’horoscope du chevalier de Capestang et de Giselle d’Angoulême.

Tout le monde, roi, princes, évêques, peuple, croyait aux démons, aux fantômes, et surtout à la science des astres. Maria de Médicis croyait à l’astrologie. Léonora Galigaï, esprit ferme, audacieux, de vaste envergure, n’était peut-être soutenue dans ses rêves de grandeur que par des prédictions d’astrologue. Quant à Concino Concini, il admettait sans contestation tout ce qu’admettait son époque.

Léonora Galigaï continua d’une voix sourde :

"Lorenzo, sur mon ordre, a fait l’horoscope de Giselle et de Capestang, et ce qu’il m’a révélé, Concino, m’a fait frissonner de peur, moi qui n’ai peur que d’une chose au monde : c’est qu’il t’arrive malheur !"

Et Concini vit en effet qu’elle pâlissait encore et qu’un rapide tremblement nerveux l’agitait.

"Et que t’a-t-il dit ? balbutia-t-il dans un souffle. Qu’a-t-il vu dans la destinée de ce capitan du diable, et dans sa destinée à elle ?"

Léonora se pencha sur Concini :

"Voici ses paroles, voici ce que disent les astres. Écoute :

« Quiconque touchera