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Page:Zévaco - Le Capitan, 1926.djvu/515

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— Oui, je vous comprends, monseigneur, ricana Rinaldo. Mais enfin, que diable ! un accident est vite arrivé dans une bagarre ! D’autant que le drôle se défendra, vous savez.

— Rinaldo, fit Concini en posant la main sur le bras du spadassin, ce n’est pas seulement Louis qui veut Capestang en vie, c’est moi !

— Alors, fit gravement Rinaldo, c’est bien le roi qui commande ; le roi sera obéi !"

Concini comprit ces paroles et frissonna. Puis, secouant la tête :

"Capestang ne peut mourir tout simplement d’un coup de poignard, puisqu’il est accusé de haute trahison, il faudra qu’il parle. Or, tu sais comme on fait parler les gens dans la chambre de la question. Pour arracher des aveux au Capitan, nous serons trois : moi, toi - et le tourmenteur juré.

— Bravo, monseigneur ! Il ne s’agit plus que d’entrer dans l’auberge sans donner l’éveil.

— Pourvu que le sacripant ne nous ait pas éventés déjà ! Je vois de la lumière, il me semble..."

Concini s’interrompit brusquement et tressaillit. Derrière cette porte qu’il désignait à Rinaldo, un bruit de verrous poussés venait de se faire entendre.

"Quelqu’un va sortir ! gronda sourdement Concini.

— À pareille heure !" souffla Rinaldo.

La porte s’ouvrit. Une ombre parut. Un homme qui se mit à marcher d’un bon pas vers la rue de Tournon. Ils distinguaient son manteau, son chapeau à plumes, sa démarche hardie.

"Lui ! grinça Concini.

— Oui ! gronda Rinaldo.

— Attention au coup de sifflet !

— Laissons-le arriver à la hauteur de nos gens..."

L’homme avait fait une vingtaine de pas. Le coup de sifflet, soudain, déchira le silence. L’homme s’arrêta. De toutes parts, en un clin d’œil, surgirent des ombres silencieuses. Concini et Rinaldo se ruèrent. L’homme tira son épée.

"Au nom du roi ! haleta Concini.

— Capestang, vous êtes mort si vous résistez ! rugit Rinaldo.

— Eh bien ! répondit l’homme d’une voix étrange, vous allez voir comment meurt un Capestang !"

L’épée, dans la nuit, jeta une lueur livide. Il y eut un cri ! un homme venait de tomber. Mais, dans le même instant, les spadassins, tous ensemble, tombèrent sur celui qui venait de dire : « Vous allez voir comment meurt un Capestang. » Aussitôt, il fut saisi par les bras, par les jambes, renversé, son épée brisée, solidement lié de cordes, bâillonné d’un large mouchoir qui lui couvrait presque tout le visage.

"Enfin !" murmura Concini ruisselant de sueur.

Comme on avait fait après la bataille du Grand-Henri, il fut jeté en travers d’un cheval, comme un sac.