Page:Zévaco - Le Capitan, 1926.djvu/70

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ici. Quoi qu’il en soit, l’espoir lui revenait, et avec l’espoir le désir de vivre.

Le premier soin de notre aventurier fut de se déshabiller et d’examiner ses blessures l’une après l’autre. Puis il mit sa chemise en lambeaux, s’en fit des bandes qu’il mouilla, en les exposant sur le toit, et pansa les blessures qu’il venait de dénombrer.

"Il y en a sept, réfléchit-il. J’ai donc sept coups à rendre, savoir : primo, le Concini. Ensuite, le Rinaldo. Ensuite, les cinq enragés. Cinq et deux font bien sept. Après quoi, je pourrai me reposer, comme le Seigneur. Il est vrai que le Seigneur a accompli six travaux pour se reposer le septième jour. Mais ce n’est pas ma faute s’ils sont sept, et si j’ai tout justement reçu sept coups de poignard ou de rapière."

Capestang, comme tous les aventuriers de cette époque, où il fallait savoir se recoudre soi-même tout en sachant découdre les autres, avait quelque teinte de chirurgie. Il put donc reconnaître avec une légitime satisfaction que, s’il avait de-ci de-là, un peu partout, les chairs labourées, aucune de ces blessures ne l’avait atteint en profondeur. Sans doute, il était fiévreux. Sans doute, il éprouvait de cuisantes brûlures. Mais, sous les compresses qu’il venait de poser à lui-même et dont il avait soin d’entretenir la fraîcheur, il sentait le travail des chairs qui se reprenaient.

"Cela mijote, murmurait-il. De plus, je puis remuer tête, bras et jambes. De plus, si j’ai soif, j’ai faim aussi, très faim. Il ne me manque donc rien, sinon un bon dîner et un bon lit. Un cuissot de chevreuil accompagné du moindre flacon de vin, et puis un bon somme de douze ou quinze heures voilà ce que me commanderait un chirurgien. Et c’est bien aussi ce que je me commande, puisqu’il n’y a pas de chirurgien ici."

Mais Capestang eut beau se commander ce traitement magnifique, il ne vit venir ni cuissot, ni flacon, ni lit. Cent fois dans la journée, il remit la tête à l’ouverture du toit. Mais la lucarne d’en face demeurait obstinément fermée. En outre l’averse avait cessé. Il avait soif. Il avait faim. Sa tête s’affaiblissait. Des vertiges le prenaient, de plus en plus fréquents. La souffrance devint terrible. Peu à peu, sa gorge se tuméfiait. Et une angoisse inexprimable s’emparait de lui.


La nuit descendit sur Paris. Capestang se coucha dans un coin du réduit obscur et chercha dans le sommeil un oubli momentané de sa misère. Mais le sommeil ne venait pas, et des idées affolantes traversaient son cerveau. Il était tombé dans une de ces douloureuses prostrations où le corps sent qu’il souffre, tandis que l’esprit bat la campagne. Il murmurait des mots sans suite et n’ayant aucune relation avec la situation où il se trouvait.

"Allons, bon, fit-il à un moment, voici les mouches à