Page:Zévaco - Les Pardaillan - L'épopée d'amour, 1926.djvu/35

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Le lendemain du jour où François de Montmorency retrouva sa fille et celle qui avait été sa femme, fut une journée paisible pour tous les habitants de la maison de la rue Montmartre.

Le maréchal sentait son cœur se dilater. Il était en extase devant sa fille et n’imaginait pas qu’il pût exister au monde rien d’aussi gracieux. Quant à Jeanne, la conviction se fortifiait en lui qu’elle subissait une crise passagère et que le bonheur lui rendrait à la fois la raison et la santé physique. Quelquefois, il lui semblait surprendre dans les yeux de la folle une aube d’intelligence. Il voulait croire à sa guérison.

Il attachait parfois des regards timides sur Jeanne, et se disait alors :

"Lorsqu’elle comprendra, comment lui expliquerai-je mon mariage ? Est-ce que je n’aurais pas dû demeurer fidèle, même la croyant infidèle ? ".

Et un trouble l’envahissait à la voir si belle, à peine changée, presque aussi idéale qu’au temps où il l’attendait dans le bois de Margency.

Quant à Loïse, à part la douleur de ne pouvoir tout de suite associer sa mère à sa félicité, elle était en plein ravissement. Elle aussi était convaincue qu’un mois de soins attentifs rendraient la raison à la martyre. Et elle s’abandonnait à cette joie inconnu d’elle jusqu’ici d’avoir une famille, un nom, un père. Ce père lui semblait un être exceptionnel par la force, la gravité sereine. C’était de plus l’un des puissants du royaume.

Cette journée fut donc une journée de bonheur véritable malgré la folie de Jeanne.

Mais n’était-elle pas là, vivante ? Et même, lorsqu’ils la considéraient tous deux, le père et la fille ne remarquaient-