Page:Zévaco - Les Pardaillan - L'épopée d'amour, 1926.djvu/7

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Pour le rêveur qui aime à pénétrer d’un pas hésitant dans les sombres annales du passé, qui cherche en tremblant parmi l’amas des décombres, l’humble fleurette qui a vécu, aimé, souffert, tu demeures un pur symbole de la souffrance humaine, et nous qui venons de retracer ta douleur, nous saluons d’un souvenir ému ta douce et noble figure.


Lorsque le maréchal de Montmorency revint à lui, il se souleva sur un genou et, jetant à travers la salle le regard étonné de l’homme qui croit sortir d’un rêve, il vit Jeanne assise dans un fauteuil, souriante, la physionomie apaisée, mais, hélas ! les yeux sans vie.

Une jeune fille agenouillée devant elle, la tête cachée dans les genoux de la folle, sanglotait sans bruit.

François se releva et s’approcha, en titubant, de ce groupe si grâcieux et si mélancolique.

Il se baissa vers la jeune fille et la toucha légèrement à l’épaule.

Loïse leva la tête.

Le maréchal la prit par les deux mains, la mit debout sans que sa mère essayât de la retenir et il la contempla avec avidité.

Il la reconnut à l’instant.

Loïse était le vivant portrait de sa mère.

Ou plutôt elle était le commencement de Jeanne telle qu’il l’avait vue et aimée à Margency.

« Ma fille ! » balbutia-t-il.

Loïse, toute frissonnante de sanglots, se laissa aller dans les bras du maréchal et, pour la première fois de sa vie, avec un inexprimable ravissement mêlé de douceur, elle prononça ce mot auquel ses lèvres n’étaient pas accoutumées…

« Mon père !… »

Alors, leurs larmes se confondirent. Le maréchal s’assit près de Jeanne dont il garda une main dans sa main, et prenant sa fille sur ses genoux, comme si elle eût été toute petite, il dit gravement :

« Mon enfant, tu n’as plus de mère… mais, dans le moment même où ce grand malheur te frappe, tu retrouves un père… »

Ce fut ainsi que ces trois êtres se retrouvèrent réunis.

Lorsque le maréchal et Loïse eurent repris un peu de calme à force se répéter qu’à eux deux ils arriveraient à sauver