Page:Zaccone - Éric le mendiant - Un clan breton, 1853 .djvu/107

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ble, quelques-uns devinant un danger certain. Il y eut, du reste, quelque chose de surnaturel dans cet élan spontané qui rallia en un instant autour de Pialla tous ses serviteurs épars, et Pialla elle-même, joignant ses mains tremblantes par un mouvement plein de piété et de foi, se laissa tomber à genoux, priant Dieu d’éloigner le danger dont cette clameur semblait être le présage. À peine eut-elle achevé sa prière qu’un énorme sanglier, faisant une trouée dans la petite troupe des valets de la ferme, vint, après l’avoir renversée, se placer à deux pas d’elle, en poussant des cris féroces. C’en était fait sans doute de Pialla ; aucun des hommes qui se trouvaient là n’osait, pour la sauver, s’exposer à une mort certaine, et chaque minute qui s’écoulait rendait le danger plus imminent.

Tout à coup une flèche, habilement dirigée, vint, en sifflant, frapper l’animal furieux au-dessous de l’oreille, et avant que l’on eût eu le temps de chercher quelle main l’avait lancée, un homme inconnu au pays, et portant le costume franc, se précipitait vers le sanglier, qui s’apprêtait à fondre sur Pialla. Alors une lutte affreuse s’engagea entre l’homme et l’animal, lutte sanglante, où l’un et l’autre se défendirent avec un égal courage et un égal emploi de forces extraordinaires.


Alors une affreuse lutte s’engage entre l’homme et l’animal.

Cependant le sanglier avait été profondément blessé ; il perdait déjà beaucoup de sang ; un dernier coup de couteau que lui appliqua son adversaire l’étendit bientôt sans vie sur le riche tapis qu’occupait un instant auparavant la rêveuse jeune fille.

Alain et sa suite, accourus mais trop tard, assistèrent au dénoûment de la lutte, et virent le Gaulois, fier de sa victoire, retirer avec orgueil le couteau sanglant des entrailles de la victime. Tous