Page:Zaccone - Éric le mendiant - Un clan breton, 1853 .djvu/129

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obéissait plutôt à un mouvement de curiosité qu’à toute autre pensée ; en effet, la fanfare qui venait de retentir avait réveillé dans son cœur un écho depuis longtemps endormi ; il lui sembla l’avoir déjà entendue à la cour de son père : c’était comme la voix du passé qui l’arrachait tout à coup aux préoccupations du présent. Le fils du comte Érech, averti de son départ, avait-il voulu le saluer du bruit de cette fanfare comme d’un noble adieu fait à un hôte aimé ? Était-ce simplement le hasard ?

Toujours est-il que Hlodowig arriva le cœur plein d’émotions à la porte de la grande salle, où l’attendaient le comte, son fils Alain et une foule de guerriers bretons, leurs vassaux : un spectacle singulier frappa alors ses regards.

Le comte Érech était assis au milieu de la salle, ayant à sa droite son fils et à sa gauche le juge de la cour. Derrière eux se tenaient, debout et découverts, les vassaux de leurs domaines revêtus chacun des insignes barbares de leur dignité respective.

En face de ce groupe imposant, quatre seigneurs, qu’à leur costume Hlodowig reconnut pour des guerriers francs, étaient assis dans une attitude respectueuse ; tous gardaient le silence, attendant sans doute l’arrivée d’un personnage important.

À l’aspect de cette assemblée vénérable, Hlodowig s’arrêta sur le seuil de la porte, indécis s’il devait avancer ou demeurer à sa place ; mais le vieux comte avait déjà descendu les marches de l’espèce de trône sur lequel il se trouvait, et, allant à lui, dit en le présentant aux seigneurs francs :

— Seigneurs, voici Hlodowig lui-même, le fils de votre maître, celui que vous êtes venus chercher dans ma demeure. Il est noble et brave, éprouvé par l’adversité ; il a retrempé son âme dans l’exil, et