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Page:Zaccone - Éric le mendiant - Un clan breton, 1853 .djvu/15

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ÉRIC LE MENDIANT.

En présence de cette page sublime du livre de la nature, c’est en vain que l’on chercherait à nier Dieu… Dieu est là, il faut courber le front et adorer !…

Saint-Jean-du-Doigt est bâti sur les deux versants opposés d’une petite vallée, que la mer envahit souvent dans les jours de grande marée.

Par suite de cette disposition naturelle du village, la population s’est partagée presque également en marins et en laboureurs.

Pendant la semaine, le village n’est habité que par les femmes, les vieillards infirmes et les mendiants ; quand le temps n’est pas absolument mauvais, les laboureurs vont aux champs, tandis que les matelots gagnent la haute mer.

Ce jour-là, Tanneguy et Marguerite ne furent donc pas surpris de trouver Saint-Jean-du-Doigt presque désert, et de n’apercevoir de loin en loin que quelques vieilles femmes occupées à filer le lin, ou quelques vieillards qui se rendaient à l’église.

Ils traversèrent ainsi le petit village, et arrivèrent en peu de temps au presbytère.

Cette habitation est l’une des plus heureusement situées de toute la côte ; placée sur le versant de l’est, elle domine à pic la vallée et la grève qui s’étend jusqu’aux extrémités les plus reculées de l’horizon. Rien n’a été négligé pour augmenter le charme de sa situation. À droite et à gauche de la cour d’entrée, s’élèvent deux bâtiments de forme rustique, où l’on enferme pendant la nuit les bœufs et les chevaux de labour ; au fond se détache vivement sur le ciel bleu la silhouette blanche du presbytère, à moitié caché derrière les arbres fruitiers du petit verger qui le précède.

C’est là que résidait l’abbé Kersaint.

Avant d’être curé de Saint-Jean-du-Doigt, il avait été longtemps vicaire à Lanmeur, et c’est dans cette