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ÉRIC LE MENDIANT.

Marguerite rougit un peu et leva les yeux vers son père qui approchait.

L’abbé Kersaint fit quelques pas, et tendit cordialement la main à ce dernier.

— Le ciel soit avec vous, Tanneguy, lui dit-il, vous êtes un heureux père, et c’est une chose rare que de vous voir sur la côte… il ne vous est rien arrivé au moins depuis que je ne vous ai vu ?…

— Oh ! rien, répondit Tanneguy en serrant la main que lui tendait le vieillard, rien, monsieur l’abbé, si ce n’est que la république nous a envoyé quelques préoccupations que nous n’avions pas auparavant !… Mais, Dieu merci, tout prospère à Lanmeur ; la moisson s’annonce bien ; les foins ont peut-être un peu souffert, mais les blés seront magnifiques, et tant qu’il y aura de quoi faire du pain au pays, les pauvres gens n’auront pas trop à se plaindre…

— Vous avez raison, interrompit l’abbé avec un soupir, mais il y a bien des pauvres gens dans nos campagnes…

En parlant ainsi, ils étaient entrés dans le presbytère ; l’abbé avait fait passer ses hôtes dans la salle à manger, et on leur avait servi une collation frugale.

Toutefois, Marguerite grillait du désir de parcourir le jardin et le verger ; le bon curé s’en aperçut, il fit un signe à Tanneguy, et ce dernier permit à l’enfant de s’éloigner.

Cette dernière ne se le fit pas répéter, et quelques secondes après, on entendit les éclats de sa voix fraîche et sonore, retentir autour de l’habitation.

— Une belle et joyeuse enfant que le bon Dieu vous a donnée là !… dit le vieil abbé, lorsque Marguerite eut disparu.

Tanneguy sourit avec un faux air de modestie, à travers lequel éclatait tout ton orgueil de père.