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ÉRIC LE MENDIANT.

contraint des autres, la joie maligne de tous… l’infamie, monsieur l’abbé. Marguerite est perdue…

— Y pensez-vous !…

— Perdue, vous dis-je… Marguerite est pure comme la rosée de mai ; mais on ne le croit plus… je me vengerai.

— Tanneguy !…

— Ce n’est rien… soyez tranquille… j’aurai du calme, mais il y a du sang des Tanneguy dans mes veines, et nous verrons bien.

— Que comptez-vous faire ?

— Vous allez le savoir, et en peu de mots, comme il convient… Marguerite va retourner avec votre domestique, la vieille Jeanne, à ma ferme de Lanmeur… Moi, pendant ce temps, j’irai régler mes affaires avec l’intendant des Kerhor, et demain je quitterai le pays…

— Partir !

— Demain, monsieur l’abbé…

— Vous reviendrez sur cette résolution.

— Je ne partirai pas sans vous serrer la main, monsieur l’abbé, mais je partirai…

En parlant ainsi, Tanneguy fit un geste d’adieu à l’abbé Kersaint, et franchit résolument le seuil de la porte.

Cependant, on entendait toujours derrière les arbres du verger les éclats joyeux de la voix de Marguerite.