Page:Zaccone - Éric le mendiant - Un clan breton, 1853 .djvu/25

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
26
ÉRIC LE MENDIANT.

l’herbe a été flétrie et brûlée par les vents d’orage.

Bien que les rayons d’un soleil éclatant éclairassent ce tableau, tout cela était d’une tristesse morne et désespérée, et Tanneguy en reçut une impression fâcheuse qui ajouta encore à ses cruelles préoccupations.

Tout à coup, il s’arrêta.

À quelques pas devant lui, et sur la pointe extrême d’un rocher qui dominait à pic toute la grève, venait de se dresser une misérable cabane recouverte de chaume.


Sur le seuil de cette cabane, un homme raccommodait ses guenilles.

Sur le seuil de cette cabane, un homme assis nonchalamment, raccommodait philosophiquement les guenilles dont il était vêtu.

Cet homme, Tanneguy le reconnut de suite.

C’était celui que, dans le pays, on appelait Éric le mendiant.

Au cri sauvage que le vieux Breton poussa à cette vue, le mendiant releva la tête et pâlit.

Par une sorte de divination magnétique, il avait pressenti quelque catastrophe, et conçut un moment la pensée de se soustraire à cette visite indiscrète… Mais il était déjà trop tard.

Quand il voulut fuir, il se trouva en face du vieux Breton qui avançait.

Il fallait faire contre mauvaise fortune bon cœur, et Éric, qui ne manquait pas d’adresse, alla résolument au-devant du danger.

— Bonjour, monsieur Tanneguy, dit-il en se découvrant avec humilité devant le vieux descendant du connétable ; le pauvre Éric ne vous a point oublié ce matin dans ses prières, ni vous ni votre charmante fille, et s’il plaît à Dieu de les exaucer, les bénédictions du ciel descendront sur votre demeure.

— Je vous remercie, Éric, répondit Tanneguy en