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Page:Zaccone - Éric le mendiant - Un clan breton, 1853 .djvu/41

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ÉRIC LE MENDIANT.

mon plus saint désir, ma plus noble ambition est de consacrer ma vie à ton bonheur ; et quoi qu’il arrive, mes jours sont désormais liés aux tiens… Marguerite.

— Laissez-moi ! dit la fille de Tanneguy d’une voix mourante.

— Jamais !

— Octave ! Octave ! vous êtes mon plus implacable ennemi !…

Mais Octave n’écoutait plus rien, un instant encore, et Marguerite était perdue… Elle fit un effort désespéré ; la honte et la pudeur lui donnèrent des forces surhumaines, et, dégageant ses mains de l’étreinte passionnée de son amant, elle courut effarée vers la fenêtre qu’elle se hâta d’ouvrir :

— Si vous faites un pas de plus, dit-elle en indiquant cette nouvelle issue qu’elle venait de se frayer, Octave, je me tue.

Mais Octave n’avait nulle envie de la suivre ; déjà son sang s’était refroidi, et il avait honte du mouvement qui l’avait un moment emporté. D’ailleurs la porte venait de s’ouvrir, et la silhouette du père de Marguerite s’y dressait maintenant grave et sévère.

— Octave ! dit le vieillard d’une voix lente et sombre, je vous ai estimé jusqu’aujourd’hui à l’égal d’un gentilhomme et d’un homme de cœur ; mais l’action que vous venez de commettre est une lâcheté, et je vous méprise…

— Monsieur, balbutia Octave.

— Une lâcheté, répéta Tanneguy avec fermeté ; une pauvre fille sans défense, une enfant, innocente et pure ; ne pas se contenter de la séduction du regard et de la parole, pousser l’infamie jusqu’à la violence, ah ! c’est trop, monsieur, et tout autre que moi, peut-être, vous eût fait payer cher une semblable conduite…