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ÉRIC LE MENDIANT.

— Les Bretons ne volent pas…

— Non, mais les forçats ?…

Il y eut un silence.

Silence plein d’angoisses, car tous les deux avaient cru entendre les arbustes du sentier tressaillir sous une pression, qui n’était pas celle du vent.

— N’avez-vous pas entendu ?… demanda presque aussitôt Horace.

— Si fait !… répondit Octave.

— Il y avait quelqu’un dans le champ voisin…

— Peut-être bien…

— Je vous avoue que je ne serais pas très-rassuré à la place de notre Breton.

— Vous ne rêvez qu’aventures, mon ami…

— Vous avez raison, sans doute, Octave, mais si vous m’en croyez, nous presserons le pas…

— Pour fuir ! fit Octave en riant.

— Pour escorter ce brave homme… répondit Horace… et tenez, ajouta-t-il presque immédiatement, voyez si mes pressentiments me trompaient !…

Les deux cavaliers étaient arrivés à ce moment, dans un endroit élevé, d’où le voyageur domine les lieux environnants.

Octave avait arrêté une seconde fois son cheval, et il tourna les regards vers l’endroit que lui désignait son compagnon.

À une distance d’environ deux cents pas, trois hommes traversaient un champ de blé noir, en courant, et se dirigeaient en toute hâte, vers le sentier dans lequel le Breton venait de s’engager.

— Vous avez raison, dit Octave.

— En avant donc, répondit Horace, et Dieu veuille que nous arrivions à temps.

Les deux jeunes gens lancèrent aussitôt leur cheval, mais à peine eurent-ils franchi une certaine distance, que le bruit d’une lutte, suivi peu après