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ÉRIC LE MENDIANT.

quelques nuages qui interceptaient les rayons, et grâce à sa clarté douteuse, Octave put examiner l’état de la victime.

— Par un hasard providentiel, poursuivit Horace, en découvrant la poitrine du Breton avec le même sang froid que s’il se fût cru encore, professant l’anatomie dans l’un des hôpitaux de Paris ; par un hasard providentiel, le couteau a porté sur une côte, et s’y est arrêté ; mais il est facile de voir avec quelle vigueur, disons avec quelle haine le coup a été porté. Dans une attaque ordinaire, l’assassin se fût contenté de mettre son adversaire hors de combat ; ici, il a choisi sa place… et je dirai plus, je gagerais que la victime a été frappée après le vol…

— Je vous avoue que je ne comprends pas… objecta Octave.

— Vous allez comprendre,… repartit Horace, il y a eu lutte d’abord, c’est évident… Voici les vêtements déchirés, le linge froissé, le chapeau lancé au loin, tous indices certains d’un combat acharné, lequel a dû se terminer par la chute de notre Breton… il avait affaire à trois adversaires, nous les avons vus ; il a dû succomber… et remarquez ceci, Octave, c’est que cet homme n’a pas reçu durant le combat la moindre égratignure ; qu’il était d’ailleurs désarmé, puisque nous ne retrouvons plus son bâton ;… qu’enfin, lorsqu’il est tombé, les trois voleurs étaient maîtres de lui, et qu’il n’avait aucun intérêt à commettre un meurtre désormais inutile.

— À moins cependant que l’un des assassins ne fût connu de la victime, dit Octave.

— Voilà la vérité, ajouta vivement Horace, vous l’avez trouvée… Oui, pendant la lutte, le malheureux aura prononcé un mot, un nom peut-être… Ce nom était celui de l’un des assassins, et cela a suffi…