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ÉRIC LE MENDIANT.

yeux clairs d’une transparence virginale ; son geste est gracieux et arrondi, sa voix douce et caressante ; elle écoute fort bien ce qu’on lui dit, et, chose surprenante par-dessus tout, je l’ai vue rougir quand je me suis approché d’elle !…

— Mais que concluez-vous de ces observations ? demanda Octave.

— Rougir ! continua Horace ; avez-vous jamais vu un fou rougir, vous ? Cela ne peut pas être, et si Marguerite est bien réellement folle, elle échappe à toutes les observations faites jusqu’à ce jour, et sa folie doit être incurable.

Tout en s’avançant vers la demeure de Marguerite, Octave repassait dans sa mémoire les moindres détails de cette conversation, et y puisait à chaque instant de nouveaux motifs d’espérer :

« Si Marguerite est bien réellement folle,  » avait dit Horace ; il était donc possible qu’elle ne le fut pas.

Et là-dessus, son esprit partait, pour ne s’arrêter qu’aux pieds de Marguerite rendue à la raison, à l’amour, au bonheur !

Quand il parvint à la demeure du père Tanneguy, la nuit était venue. Une vieille servante le reçut sur le seuil de la porte, et l’introduisit dans une salle basse donnant sur la cour d’entrée.

Marguerite ne tarda pas à paraître. Elle était seule au logis, et le père Tanneguy ne devait rentrer que fort tard.

Marguerite accourut souriante et joyeuse :

— C’est donc bien vous, Octave ? dit-elle au jeune homme en lui tendant les mains avec abandon ; ce n’était donc pas un rêve ? Oh ! je craignais déjà de ne plus vous revoir !

— Voilà bientôt deux années que je vous cherche, répondit Octave.

— Deux années ?