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Page:Zadoc Kahn - Bible du rabbinat francais volume 2, 1906.djvu/438

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esclave et de ma servante, dans leurs contestations avec moi ?

14 Et qu’aurais-je fait si Dieu fût intervenu, qu’aurais-je répondu s’il m’eût demandé des comptes ?

15 Celui qui m’a formé dans les entrailles maternelles ne l’a-t-il pas formé aussi ? N’est-ce pas le même auteur qui nous a organisés dans la matrice ?

16 Ai-je refusé la demande des pauvres, fait languir les yeux de la veuve ?

17 Ai-je mangé, moi seul, mon pain, sans que l’orphelin en eût sa part ?

18 Au contraire, dès ma jeunesse, il a grandi avec moi comme avec un père ; dès le sein de ma mère, je fus le guide de la veuve.

19 Ai-je jamais vu un déshérité privé de vêtements, un indigent n’ayant pas de quoi se couvrir,

20 sans que ses reins eussent occasion de me bénir, sans qu’il fût réchauffé parla toison de mes brebis ?

21 Ai-je brandi la main contre l’orphelin, en me voyant des appuis à la Porte ?

22 Plutôt mon épaule aurait été arrachée à l’omoplate, et mon bras se fût détaché de l’humérus.

23 Car je redoute le châtiment infligé par Dieu, je ne saurais résister à sa grandeur.

24 Ai-je mis ma confiance dans l’or, ai-je dit au métal fin : "Tu es mon espoir ?"

25 Me suis-je réjoui de posséder de grandes richesses, d’avoir mis la main sur d’immenses trésors ?

26 Est-ce qu’en voyant briller le soleil, la lune cheminer avec majesté,

27 mon cœur a été secrètement séduit, et ai-je présenté ma main aux baisers de ma bouche ?

28 Cela aussi eût été un crime capital, car j’eusse renié le Dieu fort d’en haut.

29 Ai-je triomphé de la ruine de mes ennemis, exulté de joie lorsque le malheur l’atteignait ?

30 Jamais je n’ai induit mon palais en faute, en demandant sa mort par des imprécations.

31 Est-ce que les hôtes de ma maison n’ont pas dit : "Ah ! Est-il quelqu’un qui ne soit nourri à satiété de ses aliments ?"

32 Jamais l’étranger n’a passe la nuit dans la rue, j’ouvrais ma porte au voyageur.

33 Ai-je dissimulé mes fautes comme les gens vulgaires, renfermé mes méfaits dans le secret de ma conscience ?

34 Ai-je eu peur de la grande foule, redouté le mépris des familles au point de rester coi, sans franchir le seuil de ma porte ?

35 Ah ! Que n’ai-je quelqu’un qui m’écoute ! Voici ma signature : que le Tout-Puissant me réponde ! Que mon adversaire rédige son mémoire !

36 Je le porterais sur mon épaule, je m’en parerais comme d’une couronne.

37 Je lui détaillerais le nombre de mes pas, je l’aborderais comme un prince.

38 Est-ce que mes terres crient vengeance contre moi, et leurs sillons se répandent-ils ensemble en larmes ?

39 Est-ce que j’en ai dévoré le produit, sans le payer de mon argent ? Ai-je arraché des plaintes aux légitimes propriétaires ?

40 Si oui, que les ronces y poussent au lieu de froment, et au lieu d’orge l’ivraie ! Ici se terminent les paroles de Job.



1 Ces trois hommes cessèrent de répliquer à Job, parce qu’il se considérait comme juste.

2 Alors Elihou, fils de Barakhel, le Bouzite, de la famille de Râm, entra en colère. Il en voulait à