Page:Zadoc Kahn - Bible du rabbinat francais volume 2, 1906.djvu/464

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

de sa colère, toute grandeur en Israël ; il a fait reculer sa droite devant l’ennemi et allumé dans Jacob un feu flamboyant, dévorant tout à la ronde.

4 Il a bandé son arc comme un ennemi, brandi sa droite comme un adversaire ; il a fait périr tous ceux qui étaient un délice pour les yeux ; dans la tente de la fille de Sion il a déversé comme un feu son courroux.

5 Le Seigneur s’est comporté comme un ennemi, il a bouleversé Israël, il a bouleversé tous ses palais, détruit ses forteresses ; il a multiplié chez la fille de Juda plaintes et lamentations.

6 Il a dévasté son pavillon comme on fait d’un jardin, ruiné son lieu de rendez-vous ; l’Éternel a fait tomber dans l’oubli fêtes et sabbat et rejeté, dans sa furieuse colère, roi et prêtre.

7 Le Seigneur a délaissé son autel, dégradé son sanctuaire ; il a livré aux mains de l’ennemi les remparts de ses châteaux-forts. On a poussé des cris dans la maison de l’Éternel comme en un jour de fête.

8 L’Éternel avait résolu de détruire le mur de la fille de Sion : il a tendu le cordeau et n’a pas détourné sa main de l’œuvre de ruine ; il a mis en deuil murs et remparts : ensemble ils sont dans la désolation.

9 Les portes de Sion se sont enfoncées dans le sol ; il en a détruit ; fracassé les verrous ; son roi et ses princes vivent au milieu des nations, sevrés de la Loi ; ses prophètes non plus n’obtiennent de visions de la part de l’Éternel.

10 Ils sont assis à terre, frappés de stupeur, les vieillards de la fille de Sion ; ils ont répandu de la poussière sur leur tête, revêtu des cilices ; les vierges de Jérusalem penchent leur front vers le sol.

11 Mes yeux se consument dans les larmes, mes entrailles sont brûlantes, mon cœur se fond en moi à cause du désastre de la fille de mon peuple, car enfants et nourrissons sont tombés en défaillance sur les places de la cité.

12 Ils disaient à leurs mères : "Où trouver du blé et du vin ?" Et ils languissaient comme des blessés à mort dans les rues de la ville, exhalant leur dernier souffle sur le sein de leurs mères.

13 Qui te citerai-je comme exemple ? Qui te comparerai-je, ô fille de Jérusalem ? Qui mettrai-je en parallèle avec toi pour te consoler, vierge, fille de Sion ? Car ton désastre est grand comme la mer : qui pourrait te guérir ?

14 Tes prophètes t’ont communiqué des visions trompeuses et insipides, ils n’ont pas mis en lumière tes crimes, en vue de défourner ta ruine ; ils ont inventé pour toi des oracles de mensonge et de déception.

15 Tous les passants battent des mains à ton sujet ; ils ricanent, hochent la tête sur la fille de Jérusalem : "Est-ce là disent-ils la ville qu’on appelait un centre de beauté, les délices de toute la terre ?"

16 A ton aspect, ils ont la bouche béante, tous tes ennemis ; ils sifflent, grincent des dents et disent : "Nous avons consommé la ruine ! Ah ! Ce jour que nous espérions, nous l’avons atteint, nous le tenons !"

17 L’Éternel a fait ce qu’il avait résolu ; il a accompli son arrêt qu’il avait rendu dès les temps antiques ; il a démoli sans ménagement ; il a excité à ton sujet la joie de l’ennemi, grandi la puissance de tes adversaires.