CHAPITRE II
L’Allemagne, avec son souci d’exactitude, ses aptitudes au travail soutenu et consciencieux, allait, en effet, donner à ces besoins nouveaux un élément substantiel. Elle rééditera les textes, fera revivre, dans toute son intégrité, la pensée des Anciens et, par ce fait même, donnera aux esprits la vraie nourriture qu’ils attendent. L’Allemagne travaillera à la renaissance du stoïcisme par la vulgarisation du livre, et c’est en ce sens que cette doctrine lui devra peut-être ses plus rapides progrès.
Sans doute la première version latine du Manuel est publiée à Venise, si nous voulons parler de la plus importante, de celle qui servira de point de départ à toutes les éditions qui vont suivre : c’est celle de Politien[1]. Mais elle est incomplète, le texte est défectueux, l’auteur y supplée comme il peut par des conjectures. C’est encore un Italien, Ambroise le Camaldule, qui publia, le premier, les Vies des philosophes de Diogène de Laërte[2], et Trincavelli[3] à Venise donna la première édition des Entretiens et celle du Florilegium de Stobée. Ce fait témoigne, à bon droit, de cette passion qu’eurent les Italiens de la Renaissance pour la découverte de la pensée antique. Que n’auraient-ils pas donné pour un manuscrit nouveau ? Mais, esprits trop spontanés, trop brillants, ils manquent de persévérance, lorsqu’ils n’ont plus l’aiguillon de la nouveauté pour continuer les patientes recherches que demande l’établissement d’un texte.