Aller au contenu

Page:Zanta - La Science et l amour.djvu/12

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
2
LA SCIENCE ET L’AMOUR

son cadre sombre, le Juste-Lipse de Rubens m’apparaît avec cette énigmatique expression qui tant de fois me fit rêver ; ses yeux perçants semblent toujours chercher dans l’horizon lointain la vérité qui fuit. À gauche, au-dessus de la bibliothèque basse, de simple bois de chêne, qui abrite tous les sages anciens, l’admirable fresque de Raphaël : en un long défilé de moines, d’évêques et de saints, des siècles de foi interrogent la blanche hostie qui resplendit sur l’autel. Près de la porte, dans leur naïve beauté, les séraphiques évocations de l’ange du Pérugin. Puis, tout près de ce petit bureau Louis XVI, au cuir passé et taché, pour moi si plein de souvenirs, le Moïse de Michel-Ange, fort, fier, plein d’une assurance qu’il tient d’en haut, une main ferme appuyée sur le livre de la Loi dont il est le gardien et l’apôtre. Et chacun de ces chefs-d’œuvre caractérise pour moi une aspiration de celle qui les choisit. Beauté de la forme, beauté morale : antiquité, christianisme, c’est tout cela qu’elle aime et que résume son enseignement.

La porte s’ouvre. Mlle Claire s’avance, comme toujours, souriante, les mains tendues, mais je trouve moins de vraie gaieté dans son sourire, moins de flamme dans ses yeux, et comme mon regard inquiet semble le lui dire, elle m’apostrophe vivement, presque d’un ton de reproche :